Spectacles
Processus de travail par l’autrice Christel Larrouy
Confidence
Depuis longtemps, la question des femmes est au cœur de mes engagements artistiques et personnels. Au cours de ma vie professionnelle, que ce soit en tant que comédienne ou en tant qu’autrice LA question de mon genre s’est imposée très tôt. A mes débuts d’autrice j’ai entendu, lors de lectures de mes pièces : « vous avez une écriture d’homme ». Cette phrase a raisonnée longtemps.
Que signifiait-elle ? Je dois avouer qu’il y a vingt-cinq ans, je l’ai prise pour un compliment. C’était mon passe pour m’installer aux côtés des auteurs, à égalité. Erreur. Non seulement ce passe n’était qu’une façade, une illusion mais il a effacé sournoisement mon identité, en tant que femme. Cette cape d’invisibilité que je croyais avoir mise pour me fondre parmi les hommes me rendait plus vulnérable, puisque non seulement elle ne cachait pas mon genre mais elle m’incitait à penser comme eux. Et puis, je me suis finalement demandé pourquoi j’avais été flattée que l’on considère mes pièces comme « masculines ». Quel mécanisme s’était mis en place ?
Facile, depuis mon enfance, dans les années quatre-vingt, faire partie du « sexe faible », c’est bien comme ça qu’on l’appelait, était un handicap. Dans la famille pour commencer, à l’école, au lycée, dans l’espace public. J’enrageais souvent devant les privilèges qui ne m’étaient pas destinés. J’admirais l’aisance naturelle des garçons, l’arrogance des puissants, la route infinie qui leur était ouverte et je restais là, à les regarder en me disant : moi aussi je veux en faire partie ! J’ajustais tout mon être pour me fondre parmi eux, je prenais des airs de garçons, je me battais, je parlais comme eux, je tentais tout pour obtenir cette fraternité tant enviée. Et ils m’ont accepté. J’étais des leurs. Facile, je me suis dit. Mais c’était un leurre.
Ces hommes-là n’ont pas de pouvoir, ils n’en font pas parti, c’est le grand système patriarcal qui gère, c’est lui décide. Voilà le grand mur qui se dresse devant moi, devant nous. Nul besoin de se déguiser, rien ne passe au travers. Alors autant se battre avec nos armes et ne plus se dissimuler. Autant regarder le mur en face. Observer ses moindres failles, ses plus petites fissures. Et écrire « comme une femme. »
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